22 juin 2010

Pollini Perspectives à Pleyel

 
Maurizio Pollini, Peter Eötvös et le LSO à Pleyel

Bach / Webern : Ricercare - Fugue pour six voix BWV 1079/5
Lachenmann : Double
Brahms : Concerto pour piano n° 1

Concert du 22 juin 2010, 20 heures
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Pollini présentait ce soir le dernier des concerts de son cycle des Pollini Perspectives. Une fois encore, il réplique son approche hybride mêlant musique contemporaine très contemporaine et musique classique pour laquelle 99% de la salle s'est déplacée.

Pour la première partie, c'est probablement la disposition des pupitres en demi-cercle autour du chef qui retient le plus l'attention. Le Ricercare de L'Offrande musicale de Bach à la sauce Webern séduit plus qu'anticipé. S'agissant du Double, tout n'est que stridences et grincements ; c'est certainement fait pour, mais aucune structure ne se dégage, aucune beauté n'affleure. Des gens ont l'air ou feignent d'apprécier. Tant mieux pour eux ; nous n'y avons rien compris mais avons tout de même fait l'effort de rester sagement assis à nos places durant cette pièce interminable, alors d'autres - des invités Toshiba - n'hésitaient pas à sortir boire un coup.

Mais place, en seconde partie, au Maestro et à des effectifs d'orchestre plus habituels. Après quelques petits problèmes de mise en place pendant le premier quart d'heure, Pollini et le LSO se trouvent enfin et les moments de grâce s'enchaînent en particulier dans un deuxième mouvement miraculeux de ce Concerto n°1 de Brahms. On y retrouve un Pollini qui préfère toujours s'en tenir à une lecture très analytique de l'œuvre - d'aucuns diraient à une certaine froideur - qu'à une poésie qui lui est peu coutumière. Il s'affirme avec une autorité indiscutable, non dénuée ça et là d'une grande douceur, dans une lecture captivante de cette œuvre.
Répondant à la générosité et la chaleur sincères des applaudissements du public, Pollini et le LSO reprennent le Rondo, de manière encore plus enlevée voire désinhibée que la première fois. Standing ovation immédiate.

Il revient le 7 décembre prochain dans un récital Chopin qui ne manquera pas d'être passionnant.
 

14 juin 2010

Rafał Blechacz à Pleyel


Récital de Rafał Blechacz

Bach 
- Partita n° 1, en si bémol majeur
Mozart
- Sonate K. 570, en si bémol majeur
Debussy
- Pour le piano

Chopin
- Barcarolle op. 60, en fa dièse majeur
- Scherzo n°1 op. 20
- Trois Mazurkas op. 50
- Polonaise op. 53, en la bémol majeur


Salle Pleyel, 14 juin 2010, 20h
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Récital intéressant à Pleyel ce soir, l'occasion de découvrir là où en est, cinq ans après son sacre au Concours Chopin, où il a écrasé la compétition et surpassé tous ses concurrents (rappelons que le deuxième prix n'a pas été attribué cette année-là), ce jeune pianiste que beaucoup comparent à Zimerman - sur la seule base du concert de ce soir, on se demande bien pourquoi d'ailleurs, mis à part le fait qu'ils soient tous les deux polonais et aient reçu un premier prix à Varsovie...


Le programme est remarquablement conçu ; sa diversité et sa progression promettaient de bien belles choses. Ce sera le cas, en dépit de moments un peu ternes.

On commence par une Partita de Bach dont tous les mouvements sont appréhendés à un tempo déraisonnablement rapide ; en dépit d'une articulation digitale exemplaire, les différents plans de la partition peinent à se dégager, c'est particulièrement dommage dans la Gigue. La Sonate de Mozart séduit plus ; la profondeur quasi-romantique du mouvement lent, touche et laisse place à un jeu amusé et mutin dans l'Allegretto. Mais le véritable moment de grâce de cette première partie, c'est le Pour le piano de Debussy, dans lequel Belchacz déploie un jeu de couleurs  et de sonorités  doublé d'une puissance sonore de bon aloi.


Après l'entracte, Blechacz choisit d'alterner le pyrotechnique et l'intime, et il commence la Barcarolle op. 60, qui compte parmi les ultimes pages de Chopin, et qui incidemment est très jouée cette année à Paris. Zimerman avait opportunément choisi de la placer à la fin de ses récitals Chopin, dont nous garderons un souvenir vivace, qu'il s'agisse de celui de Pleyel - scandaleusement gâché par l'attitude indécente du public - ou de Dijon - extatique à tous points de vue ; Fou Ts'ong entamait lui aussi avec cette pièce la seconde partie de son concert mémorable au TCE. Troisième Barcarolle en quelques mois donc, et troisième vision géniale de cette pièce.


Le Scherzo est l'occasion pour Blechacz de s'en remettre à sa technique sans faille, sans pour autant en faire étalage. Ses qualités digitales sont impressionnantes, sa précision subjugue, mais tout reste au service de la Musique et jamais il ne tombe dans l'ostentation ; sa manière d'amortir le son à la fin de traits virtuoses ou son souci de ne pas sombrer dans un jeu trop percussif est à cet égard époustouflante.


Les Mazurkas se passent de commentaires. La profondeur d'un Fou Ts'ong avec en prime une maîtrise technique absolue. Là, c'est magique.


Dans la Polonaise op. 53, il aurait été facilement de tomber dans un bling bling de fort mauvais aloi. Rafał s'en garde bien, mais ne convainc pas complètement et la trame dramatique que, peut-être, il suit nous échappe.

Les rappels sont nombreux et enthousiastes ; semblant de standing ovation, même.

Pour faire retomber un peu la pression, Rafał nous offre un Nocturne op. posth. à pleurer. Tout y est, rien de trop ne vient parasiter la beauté de la chose, d'une simplicité et d'une humilité très justes. Le public a même le bon goût de laisser s'évanouir la dernière note avant de reprendre ses hourras frénétiques...

En second rappel, le Scherzo Allegretto de la deuxième Sonate de Beethoven... Et là, patatras, l'accentuation au choix folklorique ou vulgaire - en tout cas en rien fidèle à la partition - sur laquelle l'interprétation du premier thème est fondée désarçonne un peu, le Trio est en revanche plus réussi. Dommage, c'est à la toute fin que Blechacz tombe dans le travers qu'on avait pris plaisir à ne pas trop subir ce soir. C'est la fin du concert, le plaisir pour la star de jouer ces quelques traits avec nonchalance est évident, celui du public à accueillir ce second "bis" aussi. Mais bon, nous préférerons oublier ces deux dernières minutes pour retenir les deux premières heures, passionnantes, elles.
 

12 juin 2010

Muse au Stade de France - The Resistance Tour


The Resistance Tour
Concert de Muse au Stade de France le 12 juin 2010
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Muse de passage en France dans le cadre de sa tournée des Stades, après un concert intime au Casino de Paris le 25 mai dernier (pas de places - on n'allait tout de même pas écouter NRJ des journées entières... -, du coup, on a fini au Festival Seine de danse...) et avant sa venue aux Vieilles Charrues.

Perspective affriolante que ce concert, le premier de ce groupe auquel nous assistions, quoique fan absolu depuis Showbiz. Le Stade de France n'est probablement pas le meilleur endroit où organiser des concerts acoustiquement satisfaisants, mais il est en tout cas à la mesure de Muse, qui n'a pas eu de difficulté à en remplir l'enceinte deux soirs de suite.

En première partie (en réalité troisième partie, puisque depuis 18 heures, Devotchka et White Lies s'étaient déjà produits), Kasabian ne laissera pas de souvenirs impérissables, mais il faut reconnaître que l'attention n'était pas à son paroxysme (sauf peut-être les 20 premiers rangs de la pelouse, déjà complètement à fond). Pendant la demi-heure d'attente, les holas s'enchaînent avec une régularité étonnante, jusqu'à ce que les 80 000 spectateurs ne se lèvent comme un seul homme pour accueillir Muse sur Uprising.

Pour la setlist, ça donne :

1. Uprising
2. Supermassive Black Hole
3. New Born
4. Map Of The Problematique
5. Butterflies and Hurricanes
6. Guiding Light
7. Interlude
8. Hysteria
9. Nishe
10. United States of Eurasia
11. I Belong To You  (+ Mon Cœur S'ouvre à Ta Voix)
12. Feeling Good (Leslie Bricusse and Anthony Newley cover)
13. Wankdorf Jam
14. Undisclosed Desires
15. Resistance
16. Starlight
17. House of the Rising Sun + Time Is Running Out
18. Unnatural Selection

Rappel #1
19. Soldier's Poem
20. Exogenesis 1: Overture
21. Stockholm Syndrome

Rappel #2
22. Take a Bow
23. Plug in Baby
24. Knights of Cydonia (Man With the Harmonica Version)

Les adeptes des débuts en seront donc pour leur grade, l'album Showbiz étant totalement occulté et seulement trois chansons d'Origin Of Symmetry étant au programme (l'incontournable New Born, la sublime Feeling Good - un des sommets du spectacle -, et le très efficace Plug In Baby... Pas de Space Dementia ?? snif...).
Plus de la moitié de l'avant-dernier album nous est offerte (sans Assassin, sans City Of Delusion, sans Hoodoo...) et Absolution se taille aussi une belle part, alors que 8 chansons de Resistance sur 11 sont prévues.

La composition est au total plutôt équilibrée, la construction du show aussi, qui voit défiler avec bonheur les styles que Muse a su explorer et s'approprier au fil des années. La virtuosité vocale de Matthew Bellamy et son charisme époustouflent ; la manière qu'il a de passer d'une guitare normale au clavier, d'une guitare double manche à une guitare pailletée qui fait un peu esbrouffe est incroyable, et le spectacle n'est en que plus rythmé. Dominic Howard, qui prend régulièrement le micro pour s'adresser à ses fans, nombreux, livre une prestation de premier ordre (ne serait-il pas le meilleur batteur vivant dans ce registre ?).

Il s'agit là d'un spectacle essentiellement musical (pas de délires en scène comme Madonna ou Lady Gaga en ont le secret, pas de chorégraphies impressionnantes à la Michael Jackson ou Mylène Farmer) à la mise en scène assez peu élaborée.
Quelques boules géantes changeant de couleurs, représentant probablement des planètes, sont disposées sur les tribunes Nord à l'arrière de la scène, certains éléments spectaculaires jalonnent le show : un OVNI et un acrobate virevoltant dans les airs sur Exogenesis 1, des soucoupes élevant les musiciens à 9-10 mètres du sol, les costumes de Matt, surtout le dernier qui brille de mille feux, quelques jeux de lumières virtuoses, mais pas de tableau qui coupe réellement le souffle.

Une petite vidéo, pour avoir une idée de ce que l'OVNI pouvait donner...

Plus que pour des décors, on est surtout là pour entendre l'un des meilleurs groupes de ces 15 dernières années. Muse joue fort, très fort, parfois trop fort (cf. fin de ce billet), cela ne nous empêche pas d'être subjugué par des solos hallucinants (Unnatural Selection notamment) ou des chansons plus douces sublimement interprétées, qui laissent l'ensemble du public suspendu (Feeling Good, Soldier's Poem, Guiding Light !). Notons du reste que Matt a, par rapport à la version enregistrée un peu amélioré sa prononciation, il est vrai ridicule, du français dans la reprise du Mon Cœur S'ouvre à Ta Voix (en lien, La Callas pour cinq minutes de bonheur). Muse excelle à enflammer un public du reste conquis d'avance - les 25-40 ans semblent être en force en tribune, les plus jeunes en pelouse -, et les premières notes de New Born, Hysteria ou Plug In Baby soulèvent des vagues d'enthousiasme ahurissantes.

Plus de 2 heures 15 de concert à un tel niveau d'intensité et de générosité, c'est tout de même une performance !

Tout serait réuni pour faire de la chose un moment d'exception. Pour autant, deux réserves font qu'on ne gardera le souvenir que d'un très bon concert et non d'un moment magique.
On peine en effet à comprendre le décalage d'au moins une demi-seconde entre ce qu'on entend et ce qu'on voit sur les grands écrans ; cette désynchronisation est insupportable.
Par ailleurs, comment se fait-il qu'à un tel niveau, le son sur certaines chansons soit si saturé que les différents niveaux rythmiques, mélodiques, harmoniques ne puissent plus être distingués ? Il est tout de même sacrilège que la si belle voix de Matt soit parfois complètement noyée dans un flot informe de riffs déstructurés et saturés et de batterie assourdissante. Je me demande ce qu'ont bien pu entendre ou comprendre ceux qui ne connaissaient pas Supermassive Black Hole ou Stockholm Syndrome. Difficulté de sonorisation du Stade de France ? Problème d'ingénierie du son ? Volonté expresse des artistes ? Qu'importe, cela gâche un peu la magie spectacle, somme toute peu visuel ; du coup, on en vient presque à s'ennuyer pendant ces quelques moments, malgré tout sporadiques.

8 juin 2010

Concert AROP - Emmanuel Ceysson, Laurent Verney, Thibault Vieux


Concert privé de l'AROP

Emmanuel Ceysson, harpe
Laurent Verney, alto
Thibault Vieux, violon

Studio Bastille de l'Opéra Bastille
Récital du 8 juin 2010, 19h30
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Jiří Kylián ayant annulé la Rencontre qu'il devait assurer dans le cadre de l'entrée au répertoire prochaine de Kaguyahime, plan B avec ce concert à l'affiche originale. Ne serait-ce que par le mix d'instruments peu commun en matière de "musique de chambre".


Petit discours introductif : les musiciens, pour remercier l'AROP qui a largement financé la production de leur disque d'arrangements alto-harpe, offrent ce récital avec leur collègue violoniste de l'Orchestre de l'Opéra de Paris.


Programme rythmé et bien construit, alternance judicieuse de styles et de formations.


Ça commence par une mélodie roumaine de Bruch, par les trois, et des danses populaires roumaines de Bartok, avec harpe et non piano, trop proprettes et bien trop peu folkloriques pour être complètement convaincantes.


On entre ensuite dans le vif du sujet avec un arrangement pour alto et harpe du Grand pas de deux du II de Giselle. Emmanuel Ceysson a sa manière bien à lui de résumer l'argument du ballet - les amateurs ont du reste bien ri : en substance, les wilis, dont Giselle, ne tuent pas à la fin Albrecht, "comme quoi, tout est bien qui finit... pas si mal" ! S'ensuit un très bel arrangement qui réveille plein de souvenirs.


Un tube suit, si ce n'est LE tube de la musique pour harpe seule : la sonate de Hindemith, que le jeune harpiste fait la démonstration de tout son art.


La Passacaille de Haendel / Halvorsen n'est pas impérissable ; en revanche, les extraits de la sonate pour alto seul, que Verney introduit longuement, sont époustouflants - on pense à Ysaye et sa sonate de violon n° 3 -, et il prend bien soin de préciser à la fin que, selon les volontés-mêmes du compositeur, ce n'est pas la beauté du son qui compte le plus !


L'Élégie de Fauré, alto et harpe, est hantée par les spectres de Mathieu Ganio et Stéphane Bullion, qui nous ont fait vibrer ce soir de mars 2007 dans le duel des Anges... C'est superbe.


La page de virtuosité suit avec le Non più mesta de la Cenerentola, avant que les trois musiciens soient réunis pour le pas d'action du II du Lac des Cygnes et donnent en bis l'Après un rêve de Fauré.


Une belle heure de musique.


Côté animation, on a un gosse bruyamment curieux qui perturbe la chose en posant des questions incessantes jusqu'à ce que son père, rabroué par des mouvements d'insatisfaction de plus en plus appuyés, ne se décide à agir et à quitter la salle, on a un harpiste qui peine à tourner ses pages mais continue à jouer d'une main ou laisse carrément tomber sa partition de dépit, un violoniste impatient qui se met en place alors que c'est même pas son tour, des petites introductions globalement sympathiques aux œuvres, le tout sous l'oeil probablement bienveillant du Maestro Jordan.



2 juin 2010

Stéphane Bullion, danseur Étoile

 
À l'occasion de sa nomination comme danseur Étoile à l'issue de la dernière représentation de cette Bayadère 2010, un petit mot sur Stéphane Bullion, que nous estimons tant.

Depuis cette soirée du 15 mars 2007,  où nous découvrions Proust ou les intermittences du cœur et où le Combat des anges Morel-Bullion vs. Saint Loup-Ganio était sidérant de beauté, Stéphane Bullion était peu à peu devenu l'une des figures masculines les plus passionnantes à suivre au sein de la compagnie parisienne, d'autant qu'il a eu l'heur d'être très généreusement distribué, dans un large panel de genres chorégraphiques.

Rares sont les productions dans lesquelles il ait été distribué et que nous n'ayons pas vues, et il est frappant de mesurer l'importance qu'attache ce danseur au sens qu'il cherche et essaie de donner à ses rôles. La mélancolie qu'il dégage, son côté rêveur et profond ne neutralisent pas complètement toute démonstration d'espièglerie voire d'inconvenance de bon aloi, lorsqu'il juge la chose appropriée.

Un sacre sur une production de Noureev est une heureuse chose pour lui, en particulier sur le rôle de Solor, qui lui a idéalement permis de faire ressortir l'ensemble de sa palette interprétative. Gageons que sa plastique ahurissante de beauté, qu'il sait mettre au service d'une conception fouillée de ses rôles, lui permettra d'aborder, après Albrecht, Jean de Brienne (son Abderam a toutefois plus marqués les esprits...) ou Solor, les autres grands rôles de "Princes"du répertoire.

Cette nomination était espérée depuis bien longtemps, tant Bullion a marqué de sa profondeur un nombre impressionant de rôles, singulièrement ces deux dernières années. Cela étant, elle intervient certainement à un moment idéal de l'épanouissement artistique de Bullion, qui a pu largement mûrir sa personnalité avant son accession à ce titre considéré comme suprême.
Il est rare, surtout ces derniers temps, qu'une nomination intervienne de manière si judicieuse dans le parcours artistique d'un danseur et dans le lien particulier qu'il crée avec le public (c'est du reste une différence entre un artiste comme lui et un danseur comme Mathias Heymann : lors de la représentation du 29 mai en matinée, le public applaudissait à tout rompre pendant les variations de Mathias, il est vrai dingues de virtuosité ; le soir en revanche, le public se montrait beaucoup plus timide dans ses réactions pendant le spectacle, et ce n'est qu'à la fin que les ovations ont fusé, se prolongeant en rappels nombreux, comme si le public émergeait peu à peu, à l'issue d'un moment pendant lequel il était suspendu par la grâce de ce qui se passait sur scène, sommet d'émotion, de sensualité, d'incandescence, nous l'avons déjà largement développé).

De la soirée du 29 mai, nous étions sorti avec l'impression d'avoir assisté à une représentation magique, rare, à quelque chose d'exceptionnel ; hasard ou coïncidence, la Dame aux camélias du 11 juillet 2008 et la Giselle du 28 septembre 2009, qu'il avait données avec Isabelle Ciaravola, font également partie de ces spectacles inoubliables. Quel dommage du reste que, dans un cas comme dans l'autre, ils n'aient eu droit qu'à une seule représentation ensemble...
Si on ajoute à cela qu'il est très peu blessé, en dépit de la distribution généreuse dont il bénéficie, disons que voilà une superbe Étoile masculine pour le ballet de l'Opéra de Paris, et une Étoile bien moins contestable que d'autres.

À la faveur de l'annulation du concert que devait donner Maestro Abbado à la salle Pleyel ce soir-là, nous nous précipiterons à Bastille le 11 juin prochain, pour l'entrée au répertoire de Kaguyahime, où Stéphane Bullion interprétera Mikado aux côtés de Marie-Agnès Gillot.


29 mai 2010

Opéra de Paris - La Bayadère (3) et (4)


La Bayadère (chorégraphie de Noureev d'après Petipa)

Ballet de l'Opéra National de Paris
Représentations du 29 mai 2010 (14h30 et 20h)
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Deux fois le même ballet en une journée ? Pas du tout, en fait, tant les approches des spectacles de 14h30 et 20h étaient ce jour-là dissemblables.

En matinée, c'est du virtuose invraisemblable, du technique virevoltant, du pyrotechnique même. On retient surtout les prestations de Dorothée Gilbert et, bien sûr, Mathias Heymann, qui éclipsent plus ou moins le reste de la représentation tant leurs prestations sont époustouflantes dans leur genre. Que ça saute, que ça tourne, que ça pirouette, la tonicité de la chose est telle que les spectateurs s'enflamment pour cette prise de rôle.
Curieuse impression pourtant, à la fin du spectacle : celle d'avoir plus assisté à un gala de danse, où les morceaux de bravoure s'enchaînent, qu'à une représentation de la Bayadère. Un peu la même chose que lors de la Giselle que ce couple de jeunes chouchous du public avait donnée en début de saison. Il faut reconnaître que l'un comme l'autre ont beaucoup travaillé en matière de pantomime et d'interprétation depuis octobre dernier ; en revanche, la construction de l'histoire, la progression de la relation entre Nikiya / Solor / Gamzatti passent quand même au second plan cet après-midi là, et de ce point, on s'ennuie un peu.
Ne doutons en tout cas pas que cette paire de danseurs ait tout pour assurer des lendemains qui chantent à la compagnie.

S'agissant de la soirée, il n'y a pas assez de mots pour dire combien cette représentation nous aura profondément marqué.
Delphine Moussin - première fois qu'on la voyait dans un rôle classique avec acte blanc et tout - n'était pas réputée pour sa haute technicité ; à l'évidence, ce n'est pas son point fort (lors de la variation du voile au III, on avait même un peu de peine pour elle). Finalement, là n'est pas le plus important, tant sa lecture du ballet, de son rôle, de ses rapports à son partenaire prend à la gorge. Ce n'est pas une souveraine à la Letestu ou une mutine à la Gilbert, mais une simple bayadère, une danseuse de temple aux amours coupables bientôt désespérée par l'attitude de son guerrier de copain et qui reviendra d'outre-tombe le faire culpabiliser. Mlle Moussin nous raconte par le menu cette histoire et sait mettre ses qualités d'interprètes au service d'une danse exceptionnelle d'émotions (ces bras, ces expressions du visage, cette scène d'agonie une fois Nikiya mordue par le serpent) qui trouve son apogée au III, où elle impose une bayadère désincarnée et spectrale magnifique.

Stéphane Bullion... Stéphane Bullion, nous avions dit attendre avec impatience sa première sur la scène de l'Opéra de Paris (Syltren nous ayant gentiment fait remarquer qu'il avait déjà dansé le rôle lors de la tournée en Australie l'année dernière) ; le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a comblé nos attentes au-délà de toute expression. Il trouve en Solor un personnage dans lequel il peut donner la pleine mesure de son talent d'interprète ; schizophrène, ou à tout le moins écartelé entre les perspectives d'un mariage avec une belle héritière et des sentiments sincères pour sa bayadère de cœur, il impose sa lecture subtile et très évolutive du personnage et brode très finement les contours de son personnage (quel plaisir d'observer en particulier les moments où il ne danse pas mais joue, cf. par exemple son jeu pendant la variation de l'agonie de Nikiya, après un moment de félicité en compagnie de Gamzatti).
Certes, mais quelque part, nous n'en attendions pas moins de lui - nous y reviendrons dans un autre post. Ce soir, les qualités techniques de Stéphane Bullion ont très favorablement étonnées et sa belle danse très propre, très puissante, très musicale a pu pleinement s'épanouir à la faveur de ce rôle d'une redoutable difficulté. Probablement moins "poudre aux yeux" que Mathias Heymann, il a survolé les chausse-trappes invraisemblables que réservent les variations de Solor avec une aisance remarquable et a même livré une dernière variation anthologique (la plus réussie que nous ayons vue lors de cette reprise) ; l'écriture chorégraphique de cette variation, avec ses doubles assemblés qui n'en finissent pas, n'est pas des plus visuellement convaincantes - elle fait partie de ces passages à la Nureev d'un niveau ahurissant mais qui n'apportent esthétiquement rien voire rompent dans une certaine mesure la magie visuelle du spectacle -, mais ce soir-là, on en aurait presque redemandé.
Au-delà de ses qualités individuelles, Bullion montre une fois de plus qu'il est un partenaire hors pair, avec des portés très sûrs, une attention touchante de tous les instants pour ses ballerines et une réelle attention à ne pas tirer la couverture à lui quand ce n'est pas le moment. Le couple fusionnel et excessivement lyrique qu'ils forment Moussin et lui est phénoménal dans ce ballet.

Petite déception de ce soir : qu'Emmanuel Thibault, initialement distribué en Idole dorée n'ait pas pu danser, remplacé par un Mallaury Gaudion qui n'a cependant pas démérité.
Redisons par ailleurs tout le bien qu'inspire la prestation d'Allister Madin, qui a fait évoluer son Fakir depuis le début de la série (et quel peps dans la Danse indienne !!), et toute la sympathie que la Manou d'Aubane Philbert a pu susciter. Un corps de ballet toujours aussi impeccable dans l'acte des Ombres ; trois Ombres ce soir très réussies (Mlles Mallem, Zusperreguy et Dayanova) ; un accompagnement musical toujours aussi navrant...


25 mai 2010

Festival Seine de danse - Ballet du Grand Théâtre de Genève


Festival Seine de danse, à Puteaux

Blackbird (chorégraphie de Jiří Kylián)
Sechs Tänze (chorégraphie de Jiří Kylián)
Loin (chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui)

Ballet du Grand Théâtre de Genève
Soirée du 25 mai 2010
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Soirée d’ouverture d’un festival audacieux. De la danse de qualité à prix placé en plein cœur du quartier de la Défense, que le côté hectique rend passablement irrespirable, il fallait oser, et ce que le très richement doté Conseil général des Hauts-de-Seine nous offre.

L’occasion de voir se produire une compagnie européenne prestigieuse dans un répertoire affriolant, qui tient toutes ses promesses.

Cette triple bill débute de manière étonnante. Un décor minimaliste - fond noir, néon vertical blanc -, des costumes réduits à des pantalons blancs, des musiques géorgiennes servent de cadre à une composition chorégraphique relativement austère. Si on aurait pu penser que les musiques choisies inspireraient une danse plus enlevée, Kylián s’en tient à une approche très sobre dans ce pas de deux dont les danseurs soulignent pour autant toute la poésie. C’est simple, efficace, ça fait retomber les tensions de la journée pour aborder détendu les fameuses Sechs Tänze…

Changement d’ambiance en effet avec cette deuxième pièce. On se retrouve dans le théâtre, dans le burlesque, dans l’emperruqué poudré irrésistiblement drôle, le gentiment grivois. Quel travail d’orfèvre le chorégraphe livre-t-il ici ! La retranscription dansée de la musique de Mozart est stupéfiante, chaque voix musicale trouvant son répondant dans la structure de la danse. Les danseurs se font à l’évidence plaisir, leur travail de pantomime témoignant d’une réelle appropriation de l’œuvre ; peut-il en être autrement avec une pièce aussi exigeante mais qui assure de tels moments de connivence avec le public ?
L'orage à l'extérieur du chapiteau tombe à pic pour accompagner les intermèdes entre les différentes pièces de Mozart et amplifient les grondements sourds prévus à ces moments-là par la chorégraphie originelle.
Il ne manque que les projections de bulles de savon lors du final, que nous avions trouvées du meilleur effet lors du dernier passage à Paris des Grands ballets canadiens de Montréal.

Deuxième partie de soirée à mille lieues des deux univers précédents (côté people, Patrick Devedjian, qui avait bredouillé en début de soirée une allocution brouillonne pour lancer les festivités, ne s’est même pas éclipsé à l’entracte, c'est plutôt bien). Loin, création de Sidi Larbi Cherkaoui pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève, « s’interroge sur la distance entre les êtres, les époques et les cultures », nous apprend le programme. Le caractère orientalisant des décors (limités en l’espèce à de grands voiles orange dans le fond et sur les côtés de la scène) et des costumes (genre sarouels ou pantalons bouffants dans des couleurs pastel joliment assorties) se heurte à l’ambiance musicale baroquisante de la musique, au demeurant sublime, de Biber. Avec une danse tout en rondeur, tout en enveloppement perpétuel des bras et des corps, avec une gestuelle fluide d’une virtuosité larvée, non démonstrative et parfaitement restituée par des danseurs qui font là montre d’une synchronisation impressionnante, avec des intermèdes parlés ou chantés nous ramenant précisément à l’interrogation du programme en intégrant toutefois une distance humoristique de bon aloi, on ne voit pas les 47 minutes passer.
Tout cela donne bigrement envie d’aller découvrir l’intégrale du Triptyque du chorégraphe, qui sera bientôt donnée à la Halle de la Villette.

Pour l’anecdote, le public comptait un certain nombre de danseurs du ballet de l’Opéra de Paris, qui ont sans doute pu apprécier à sa juste valeur la prestation de cette compagnie, qui nous a charmé ce soir-là.
 

23 mai 2010

Opéra de Paris - Les contes d'Hoffmann

 
Les contes d'Hoffmann (musique de Jacques Offenbach)
Mise en scène de Robert Carsen

Représentation du 23 mai 2010, 14h30
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La remise en vente in extremis, sur le site de l'Opéra de Paris, de places pour ce spectacle si unanimement salué depuis sa création en 2000 fut une aubaine. La curiosité a vite laissé place à l'envoûtement.

Probablement la mise en scène la plus pertinente et la plus géniale de bout en bout qu'il nous ait jamais été donné d'admirer à l'Opéra de Paris. L'Alcina du même Carsen avait déjà fait mouche. Là, il a une vision, d'une immense cohérence. Les variations autour du théâtre dans le théâtre, les jeux avec la géographie de la salle, les bijoux d'humour dans la direction des hommes, la charpente globale du spectacle, remarquablement structurée, sont quelques indices qui nous font sentir que cette production a un je-ne-sais-quoi d'exceptionnel. Chaque acte conserve ses caractéristiques propres mais le tout s'articule autour d'une conception d'ensemble tout sauf décousue. Une performance dans le genre.

Les quatre magnifiques de la soirée sont Giuseppe Filianoti, un Hoffmann vocalement irréprochable, même sur la durée (puissance du timbre, articulation toujours moelleuse des lignes mélodiques, français quaso-parfait) et acteur généreux, Ekaterina Gubanova en Nicklausse, Franck Ferrari dans le rôles des bad boys et Alain Vernhes, tous trois dont la présence du chant et l'implication dans le jeu d'acteur contribuent à structurer joliment le déroulé des événements.
Laura Aikin en Olympia en fait beaucoup, l'investissement paie, ça plaît beaucoup, on est hilare (en revanche, en termes purement musicaux, c'est moins ça) ; l'Antonia d'Inva Mula convainc plus - ne serait-ce que vocalement, on est subjugué ; la Giuletta de Béatrice Uria-Monzon déçoit en revanche - dommage que la fameuse Barcarolle, tellement ressassée que son exécution ne souffre plus le médiocre, patisse de cette "contre performance".

Le chef Jesus Lopez-Cobos accompagne le tout à merveille et l'exécution très belle quoiqu'un peu feutrée par moments que livre l'orchestre de l'Opéra finit de faire ce spectacle une incontestable réussite. Éblouissant !

20 mai 2010

Opéra de Paris - La Bayadère (1) et (2)


La Bayadère (chorégraphie de Noureev d'après Petipa)

Ballet de l'Opéra National de Paris
Représentations des 17 et 20 mai 2010
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Petite dimension affective particulière pour cette reprise de La Bayadère ; il s’agit du premier ballet que nous ayons jamais vu à l’Opéra de Paris, pendant la saison 1998-1999. À Bastille, deuxième balcon, encore adolescent, peu de souvenirs précis de la chorégraphie, mais une impression tenace de sublime avec cette descente des Ombres et ses arabesques en tutus blancs, dans ces lumières bleutées surnaturelles. Assurément un de nos premiers chocs esthétiques.

Quelle douche froide, donc, avec cette première, dans un Palais Garnier qu’on imaginait, in fine à tort, plus adéquat que Bastille pour accueillir cette production… L’écrin originel paraît presque étriqué pour que les décors – merveilleux jusque dans le grotesque (l’éléphant, le tigre !) – et la mise en espace des figurants rendent pleinement justice à la majesté de la mise en scène. L’éclairage de la scène des Ombres n’est plus bleuté mais verdâtre ; cela n’enlève rien à la qualité de la prestation du corps de ballet, mais la magie du moment en est légèrement ébranlée. Les magnifiques costumes, refaits à neuf, brillent de mille feux, avec juste ce qu’il faut de côté toc et de mauvais goût dans les deux premiers actes.

Quant à ce qui se passe sur scène en ce 17 mai, disons qu’Agnès Letestu et José Martinez ne nous ont que moyennement convaincu. Elle, toujours impériale, l’est probablement trop pour ce rôle, dont elle livre une interprétation peu lisible, restant dans le registre du souverain, dans lequel du reste elle éblouit. Lui a oublié d’interpréter Solor ; on a bien du mal à suivre les évolutions de ses sentiments, lui qui arbore un sourire inextinguible tout au long de la soirée, jusque dans le pas de deux du III. Un jour sans ; c’est bien la première fois que nous voyons José Martinez aussi peu inspiré et aussi piètrement préparé (on en vient à se demander si les libertés qu’il prend avec la chorégraphie ne cachent pas un manque de préparation technique, par ailleurs patent dans les portés). Le comble de cette soirée : on en vient à trouver Émilie Cozette presqu’à la hauteur ; la justesse de son incarnation de Gamzatti, la force de sa pantomime, la musicalité de ses variations impressionnent ce soir-là.
Le réconfort est à trouver autour des rôles secondaires ; le fakir d’Allister Madin est irrésistible (quel investissement du personnage, quel plaisir dans la composition, quel brio dans la danse indienne !), la Manou de Mathilde Froustey pétillante quoiqu’un peu plus sage que ce à quoi cette danseuse nous avait habitué. Mathias Heymann se force pour ne pas trop en faire dans l’Idole dorée ; dommage. Si les trois Ombres sont honnêtes sans être mémorables, le corps de ballet est époustouflant de justesse et de précision dans les placements. Dans le registre pittoresque du I et du II, mais tout particulièrement dans l’acte blanc, c’est un plaisir de tous les instants de voir, depuis une loge de face centrale, évoluer ces ensembles dont la géométrie touche à la perfection. À saluer, surtout pour un soir de reprise !

C’est fou comme une distribution peut changer la physionomie d’une soirée. Le 20 mai, Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche, épaulés par une Dorothée Gilbert un peu moins en forme que d’habitude mais quand même, entrainent dans leur sillon l’ensemble des danseurs. Dupont, qui nous avait bien déçu en Giselle, subjugue, sa Nikiya faisant preuve d’un tempérament appuyé face à Gamzatti et face au serpent de la mort (on a l’impression que, jusqu’au bout, elle ne croit pas à l’issue irrémédiable de la morsure). Sous son fond de teint de jouvence, Le Riche est époustouflant de brio (et Martinez ne pâtit que plus encore de la comparaison !!), notamment dans la variation finale du III, et émeut par son Solor qui ne sait pas trop sur quel pied danser. Entre Nikiya et Gamzatti, son cœur balance assurément. Alessio Carbone donne à l’Idole dorée une réelle épaisseur et réalise l’incroyable performance, à nos yeux, de construire un vrai personnage au fur et à mesure que la variation progresse, temps forts alternant avec moments de respiration. Corps de ballet toujours enthousiasmant, quoique le placement dans la salle offre une perspective moins flatteuse que lors de la représentation précédente.

Petite parenthèse de révolte : nous sommes plus sceptique, pour ne pas dire fondamentalement scandalisé, devant l'accompagnement, d'une qualité toujours plus détestable, de l’orchestre Colonne. On peut comprendre que l’orchestre de l’Opéra, trop lourdement sollicité sur d’autres productions pour assurer l’ensemble des représentations, soit mieux employé à jouer Les Contes d’Hoffmann que du Minkus, mais tout de même, comment est-ce diable possible que l’Opéra de Paris continue de faire appel à cet ensemble Colonne, dont le niveau de simple exécution (ne parlons pas ici d’interprétation…) apparaît proprement indigne ; si les cuivres se portent plutôt mieux que lors du dernier Casse-Noisette, il n’est que d’entendre les solos du premier violon, qui arrachent les oreilles (de qui se moque-t-on ?) et vont jusqu’à susciter des murmures d’étonnement du public entier, pour se convaincre que cette formation n’a rien à faire dans cette fosse. Quand donc donnera-t-on leur chance à des ensembles plus jeunes et certainement plus professionnels qui ne demandent qu’à faire leurs preuves ?
Rendons toutefois grâce au chef, qui fait, comme toujours s’agissant de Kevin Rhodes, de son mieux pour essayer d’alléger une partition somme toute peu subtile, quoiqu’on soit un peu étonné de la lenteur de certains passages, qui nuit parfois à la qualité de la prestation des danseurs sur scène.

Quelles que soient les nuances – notre réserve sur l’accompagnement reste pour autant forte –, un bien beau spectacle, qui ravit un public enthousiaste, à raison, et une chose est sure : nous attendons avec impatience, le mot est faible, le Solor de Stéphane Bullion (prise de rôle, non ?), avec une Delphine Moussin que nous découvrirons dans un rôle principal de ballet classique.