En première partie (en réalité troisième partie, puisque depuis 18 heures, Devotchka et White Lies s'étaient déjà produits), Kasabian ne laissera pas de souvenirs impérissables, mais il faut reconnaître que l'attention n'était pas à son paroxysme (sauf peut-être les 20 premiers rangs de la pelouse, déjà complètement à fond). Pendant la demi-heure d'attente, les holas s'enchaînent avec une régularité étonnante, jusqu'à ce que les 80 000 spectateurs ne se lèvent comme un seul homme pour accueillir Muse sur
Uprising.
Pour la setlist, ça donne :
1. Uprising
2. Supermassive Black Hole
3. New Born
4. Map Of The Problematique
5. Butterflies and Hurricanes
6. Guiding Light
7. Interlude
8. Hysteria
9. Nishe
10. United States of Eurasia
11. I Belong To You (+ Mon Cœur S'ouvre à Ta Voix)
12. Feeling Good (Leslie Bricusse and Anthony Newley cover)
13. Wankdorf Jam
14. Undisclosed Desires
15. Resistance
16. Starlight
17. House of the Rising Sun + Time Is Running Out
18. Unnatural Selection
Rappel #1
19. Soldier's Poem
20. Exogenesis 1: Overture
21. Stockholm Syndrome
Rappel #2
22. Take a Bow
23. Plug in Baby
24. Knights of Cydonia (Man With the Harmonica Version)
Les adeptes des débuts en seront donc pour leur grade, l'album
Showbiz étant totalement occulté et seulement trois chansons d'
Origin Of Symmetry étant au programme (l'incontournable
New Born, la sublime
Feeling Good - un des sommets du spectacle -, et le très efficace
Plug In Baby... Pas de
Space Dementia ?? snif...).
Plus de la moitié de l'avant-dernier album nous est offerte (sans
Assassin, sans
City Of Delusion, sans
Hoodoo...) et
Absolution se taille aussi une belle part, alors que 8 chansons de
Resistance sur 11 sont prévues.
La composition est au total plutôt équilibrée, la construction du show aussi, qui voit défiler avec bonheur les styles que Muse a su explorer et s'approprier au fil des années. La virtuosité vocale de Matthew Bellamy et son charisme époustouflent ; la manière qu'il a de passer d'une guitare normale au clavier, d'une guitare double manche à une guitare pailletée qui fait un peu esbrouffe est incroyable, et le spectacle n'est en que plus rythmé. Dominic Howard, qui prend régulièrement le micro pour s'adresser à ses fans, nombreux, livre une prestation de premier ordre (ne serait-il pas le meilleur batteur vivant dans ce registre ?).
Il s'agit là d'un spectacle essentiellement musical (pas de délires en scène comme Madonna ou Lady Gaga en ont le secret, pas de chorégraphies impressionnantes à la Michael Jackson ou Mylène Farmer) à la mise en scène assez peu élaborée.
Quelques boules géantes changeant de couleurs, représentant probablement des planètes, sont disposées sur les tribunes Nord à l'arrière de la scène, certains éléments spectaculaires jalonnent le show : un OVNI et un acrobate virevoltant dans les airs sur
Exogenesis 1, des soucoupes élevant les musiciens à 9-10 mètres du sol, les costumes de Matt, surtout le dernier qui brille de mille feux, quelques jeux de lumières virtuoses, mais pas de tableau qui coupe réellement le souffle.
Une petite vidéo, pour avoir une idée de ce que l'OVNI pouvait donner...
Plus que pour des décors, on est surtout là pour entendre l'un des meilleurs groupes de ces 15 dernières années. Muse joue fort, très fort, parfois trop fort (
cf. fin de ce billet), cela ne nous empêche pas d'être subjugué par des solos hallucinants (
Unnatural Selection notamment) ou des chansons plus douces sublimement interprétées, qui laissent l'ensemble du public suspendu (
Feeling Good,
Soldier's Poem,
Guiding Light !). Notons du reste que Matt a, par rapport à la version enregistrée un peu amélioré sa prononciation, il est vrai ridicule, du français dans la reprise du
Mon Cœur S'ouvre à Ta Voix (en lien, La Callas pour cinq minutes de bonheur). Muse excelle à enflammer un public du reste conquis d'avance - les 25-40 ans semblent être en force en tribune, les plus jeunes en pelouse -, et les premières notes de
New Born,
Hysteria ou
Plug In Baby soulèvent des vagues d'enthousiasme ahurissantes.
Plus de 2 heures 15 de concert à un tel niveau d'intensité et de générosité, c'est tout de même une performance !
Tout serait réuni pour faire de la chose un moment d'exception. Pour autant, deux réserves font qu'on ne gardera le souvenir que d'un très bon concert et non d'un moment magique.
On peine en effet à comprendre le décalage d'au moins une demi-seconde entre ce qu'on entend et ce qu'on voit sur les grands écrans ; cette désynchronisation est insupportable.
Par ailleurs, comment se fait-il qu'à un tel niveau, le son sur certaines chansons soit si saturé que les différents niveaux rythmiques, mélodiques, harmoniques ne puissent plus être distingués ? Il est tout de même sacrilège que la si belle voix de Matt soit parfois
complètement noyée dans un flot informe de riffs déstructurés et saturés et de batterie assourdissante. Je me demande ce qu'ont bien pu entendre ou comprendre ceux qui ne connaissaient pas
Supermassive Black Hole ou
Stockholm Syndrome. Difficulté de sonorisation du Stade de France ? Problème d'ingénierie du son ? Volonté expresse des artistes ? Qu'importe, cela gâche un peu la magie spectacle, somme toute peu visuel ; du coup, on en vient presque à s'ennuyer pendant ces quelques moments, malgré tout sporadiques.