8 juin 2010

Concert AROP - Emmanuel Ceysson, Laurent Verney, Thibault Vieux


Concert privé de l'AROP

Emmanuel Ceysson, harpe
Laurent Verney, alto
Thibault Vieux, violon

Studio Bastille de l'Opéra Bastille
Récital du 8 juin 2010, 19h30
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Jiří Kylián ayant annulé la Rencontre qu'il devait assurer dans le cadre de l'entrée au répertoire prochaine de Kaguyahime, plan B avec ce concert à l'affiche originale. Ne serait-ce que par le mix d'instruments peu commun en matière de "musique de chambre".


Petit discours introductif : les musiciens, pour remercier l'AROP qui a largement financé la production de leur disque d'arrangements alto-harpe, offrent ce récital avec leur collègue violoniste de l'Orchestre de l'Opéra de Paris.


Programme rythmé et bien construit, alternance judicieuse de styles et de formations.


Ça commence par une mélodie roumaine de Bruch, par les trois, et des danses populaires roumaines de Bartok, avec harpe et non piano, trop proprettes et bien trop peu folkloriques pour être complètement convaincantes.


On entre ensuite dans le vif du sujet avec un arrangement pour alto et harpe du Grand pas de deux du II de Giselle. Emmanuel Ceysson a sa manière bien à lui de résumer l'argument du ballet - les amateurs ont du reste bien ri : en substance, les wilis, dont Giselle, ne tuent pas à la fin Albrecht, "comme quoi, tout est bien qui finit... pas si mal" ! S'ensuit un très bel arrangement qui réveille plein de souvenirs.


Un tube suit, si ce n'est LE tube de la musique pour harpe seule : la sonate de Hindemith, que le jeune harpiste fait la démonstration de tout son art.


La Passacaille de Haendel / Halvorsen n'est pas impérissable ; en revanche, les extraits de la sonate pour alto seul, que Verney introduit longuement, sont époustouflants - on pense à Ysaye et sa sonate de violon n° 3 -, et il prend bien soin de préciser à la fin que, selon les volontés-mêmes du compositeur, ce n'est pas la beauté du son qui compte le plus !


L'Élégie de Fauré, alto et harpe, est hantée par les spectres de Mathieu Ganio et Stéphane Bullion, qui nous ont fait vibrer ce soir de mars 2007 dans le duel des Anges... C'est superbe.


La page de virtuosité suit avec le Non più mesta de la Cenerentola, avant que les trois musiciens soient réunis pour le pas d'action du II du Lac des Cygnes et donnent en bis l'Après un rêve de Fauré.


Une belle heure de musique.


Côté animation, on a un gosse bruyamment curieux qui perturbe la chose en posant des questions incessantes jusqu'à ce que son père, rabroué par des mouvements d'insatisfaction de plus en plus appuyés, ne se décide à agir et à quitter la salle, on a un harpiste qui peine à tourner ses pages mais continue à jouer d'une main ou laisse carrément tomber sa partition de dépit, un violoniste impatient qui se met en place alors que c'est même pas son tour, des petites introductions globalement sympathiques aux œuvres, le tout sous l'oeil probablement bienveillant du Maestro Jordan.



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